Témoignage d'Évelyne BARBIN
Évelyne Barbin a été étudiante à l’Université de Rouen de 1968 à 1971, puis assistante au département de mathématiques de Rouen de 1973 à 1983 où elle a soutenu une thèse en 1979, avant de rejoindre l’Université du Maine, l’IUFM de Créteil et l’Université de Nantes, où elle a terminé sa carrière comme professeur des universités en épistémologie et histoire des sciences.
De l’étudiante à l’universitaire :
évocation d’un passage qui compte
Je suis arrivée comme étudiante de mathématiques de deuxième année à Rouen en 1968.
Je garde un très bon souvenir de cette année-là, avec des enseignants qui étaient jeunes et convaincus.
Je me souviens surtout des cours de Francine Delmer, qui m’ont beaucoup plu.
J’ai continué en licence et maîtrise : je me souviens précisément de beaucoup d’enseignements,
y compris de celui d’un professeur qui donnait une définition curieuse de la continuité d’une fonction.
Un des enseignements qui m’a le plus intéressé fut celui de Jacqueline Méténier, où nous abordions des sujets nouveaux,
comme la psychologie ou la logique. J’aimais surtout l’algèbre et j’ai donc préféré faire un DEA à Paris avec Marc Krasner.
Je me suis portée candidate à Rouen sur un poste d’assistante déléguée en 1973, et j’ai eu la chance d’avoir le poste. J’ai donc retrouvé mes enseignants comme collègues, et j’en étais fort intimidée au début. L’époque était à la réforme des mathématiques modernes, nous faisions travailler les étudiants sur des fiches rédigées par Jean-Pierre Raoult.
Jacqueline Méténier, alors directrice de l’IREM de Rouen, m’a proposé d’y venir
pour « recycler » les professeurs du secondaire à ces mathématiques modernes.
C’est grâce à elle que j’ai commencé à faire de l’épistémologie et de l’histoire des mathématiques,
sujets que j’ai aussi rapidement enseignés dans son unité d’enseignement
et dans une unité du département de philosophie.
L’IREM était un endroit qui avait de quoi enthousiasmer une jeune enseignante,
avec beaucoup d’échanges et de découvertes, avec une directrice passionnée
qui faisait et donnait confiance.
L’IREM a ensuite connu une période mouvementée,
mais j’ai pu y organiser des formations où nous lisions Descartes,
y créer des groupes interdisciplinaires, organiser un premier colloque en 1981
sur « Histoire et enseignement des mathématiques », et participer aux recherches en histoire des mathématiques
qui commençaient à se développer en France et à l’étranger.
Puis Dominique Perrin est arrivé à Rouen, il m’a appris ce qu’était la recherche en mathématiques et le plaisir de chercher. Plusieurs autres jeunes enseignants l’ont rejoint pour faire une thèse en informatique théorique, dans une atmosphère très stimulante.
J’ai quitté l’université de Rouen après un échange de poste pour raisons personnelles en 1983, mais c’est bien là que j’ai appris ce que furent les bases de ma vie scientifique et universitaire. J’ai eu encore le bonheur de revenir à l’IREM de Rouen par la suite et d’échanger avec ses membres pendant toute ma carrière, et la dernière fois en mai 2016 pour un colloque national des IREMs.